Approche écosystémique des béals

Le territoire de la Communauté de Communes du Pays Viganais se situe entre Causses et Cévennes. Il est composé de plusieurs entités paysagères et géologiques atypiques :

   • Les vallées cévenoles granitiques et schisteuses où l’Hérault prend sa source. Une filière à haute valeur ajoutée, l’AOP oignons doux des Cévennes y est implantée. Les oignons y sont cultivés sur des terrasses (appelées aussi « bancels »). Les fonds de vallée étaient adaptés à l’arboriculture et au maraîchage. Ces productions pourraient être remises en cause par les sécheresses estivales accentuées par le changement climatique.

   • Les causses calcaires jouent le rôle de « châteaux d’eau » naturels sur le Haut bassin de l’Hérault. La Vis est une rivière reconnue pour sa qualité (labellisée « Rivière en bon état » par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse) et traverse aisément cette zone karstique aux abords du cirque de Navacelles. L’élevage extensif y est surtout développé (zone AOP Roquefort et troupeaux de vaches et de brebis viande).

   • Les Causses et les Cévennes sont inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco en tant que paysage culturel de l’agropastoralisme méditerranéen. Cette inscription reconnaît l’influence de la culture agropastorale plurimillénaire sur les paysages de ce territoire. Parmi les attributs du paysage culturel, sont identifiés les ouvrages traditionnels de gestion de la ressources en eau en lien avec l’agropastoralisme, dont les canaux d’irrigation appelés « béals ». L’usage de ces ouvrages tend à disparaître du fait notamment des difficultés d’entretien, d’une perte de savoir−faire dans leur exploitation et des contraintes réglementaires. Pourtant ces ouvrages pourraient trouver un intérêt nouveau pour faire face au changement climatique.

L'irrigation traditionnelle gravitaire par canaux en France a été inscrite sur la liste nationale du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) en juin 2024. Cette inscription vise à connaître les savoir−faire liés à la pratique, dont notamment, la pratique collective mais aussi les ouvrages associés à l'irrigation. Après cette reconnaissance nationale, la France souhaite s'agréger aux pays qui ont déjà obtenu en 2023 la reconnaissance internationale à l'UNESCO, à savoir : l'Autriche, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie, le Luxembourg, les Pays−Bas et la Suisse. Cette candidature internationale se ferait avec des pays de l'arc méditerranéen. A noter que la Suisse, chef de file de la première candidature internationale dispose d'un Centre international pour l’irrigation traditionnelle (IZTB), fondé en Suisse en 2021 qui recueille quant à lui des documents sur l’irrigation traditionnelle provenant de toute l’Europe et fait office d’archives centrales. Ils ont notamment beaucoup étudié les services écosystémiques rendus par les canaux. Depuis quelques semaines, une association nationale a été créée pour mettre en œuvre le plan de sauvegarde de l'inscription au PCI France. L'ASAIG (ASSOCIATION POUR LA SAUVEGARDE DE L’IRRIGATION GRAVITAIRE ET DES OUVRAGES ASSOCIÉS) rassemble ainsi près de 300 personnes, principalement du Sud de la France et compte parmi elles de nombreux experts qu'ils soient historiens, juristes ou autres.

Parallèlement le PGRE du bassin versant porte une approche innovante de Déclaration d’Intérêt Général sur ces ouvrages en vue de leur mise en conformité vis à vis de la réglementation.

Ce stage s’inscrit dans le cadre du projet Eau et Climat (2024-2026) porté par la communauté des communes Pays Viganais et financé par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée.