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Discours de Nicolas Thierry - clôture du congrès des Parcs 2016

- Monsieur le Secrétaire d’Etat

- Monsieur le Président de la Fédération des Parcs Naturels Régionaux

- Messieurs les Présidents des Conseils Départementaux

- Monsieur le Président du Parc

- Mesdames et Messieurs,

 

Je suis donc aujourd’hui ici pour à la fois représenter Philippe Richert, Président de l’association des Régions de France, et Alain Rousset, Président de la Nouvelle-Aquitaine.

Tout d’abord permettez-moi de débuter mon propos par quelques mots  de remerciements à destination de tous ceux qui se sont mobilisés, agents et élus, pour faire de ce congrès des Parcs 2016 une vraie réussite. Et puis bien sur d’exprimer le plaisir, pour le conseil Régional de la Nouvelle-Aquitaine,d’avoir vu se dérouler ici, dans les Landes, ce congrès national. En effet, le PNR des Landes de Gascogne, créée en 1970, et faisant donc partie des tout premiers parcs, n’avait jamais eu eu l’occasion d’accueillir cet événement. C’était naturellement une magnifique opportunité de mettre un coup de projecteur sur l’histoire toute particulière de ce territoire et sur le travail de qualité conduit par le PNR que préside mon collègue Renaud Lagrave.

La région Nouvelle-Aquitaine abrite par ailleurs trois autres PNR, le parc du Marais Poitevin, le Parc de Millevaches en Limousin et le Parc Périgord-Limousin. Nous attendons par ailleurs avec impatience, la naissance du petit dernier, certainement en 2018, dans le Médoc.

 

Le choix d’explorer, ou plutôt d’avoir replacé au centre de nos réflexions collective la relation Homme-Nature, à l’occasion dece congrès, est à mon sens parfaitement en phase avec les questionnements qui traversent ou devraient traverser nos sociétés. Je suis donc très heureux et satisfait de voir lesParcs Naturels Régionaux se saisir de ce sujet à la fois politique, scientifique, philosophique et économique.

 

Pourquoi ce sujet doit-il nous préoccuper à ce point ? L’année 2016 illustre justement parfaitement la complexité de la problématique dans laquelle nous nous trouvons. En effet, les événements qui ont jalonné les mois qui viennent de s’écouler sont marqués par des moments très paradoxaux, à la fois porteur d’espoir et inquiétants. 

Prenons quelques exemples. Porteur d’espoir parce que nous avons vécus un moment historique il y a quelques mois au moment de la COP21 à l’occasion de laquelle 193 pays ont décidé d’un chemin commun, plus récemment aussi, et c’est tout aussi important, la ratification par la Chine et les Etats Unisde ce même accord ; citons aussi dans le même esprit l’appel des 30 maires des plus grandes villes du monde pour s’engager dans la lutte contre le dérèglement climatique. Mais ce tableau a aussi un revers : l’année 2016 s’annonce comme la plus chaude jamais enregistrée depuis 1880, alerte des scientifiques sur la difficulté pour les espèces à migrer assez vite pour s’adapter aux modifications climatiques, sans parler bien sur des catastrophes naturelles qui se multiplient partout dans le monde et qui impactent terriblement les plus fragiles.

J’ai choisi le climat comme illustration mais j’aurai pu dresser un diagnostic tout aussi contrasté sur des sujets aussi diversque la ressource en eau potable, la biodiversité, les océans, l’agriculture ou de la démocratie environnementale.

 

Une fois que l’on a dit tout cela, les choix qui sont devant nous sont finalement assez limités : soit nous cédons au fatalisme OU nous entrons en résistance contre celui-ci. La résignation n’est évidemment pas une option envisageable, car je veux croire que si c’était le cas aucun d’entre nous ne serait ici aujourd’hui. Alors reste seulement, et c’est déjà beaucoup,notre capacité à ouvrir de nouvelles voies, de nouveaux champs des possibles. La condition incontournable pour transformer ce choix en réussite concrète est notre aptitude à ne plus raisonner de manière cloisonnée mais au contraire à penser un projet global au sein duquel la culture, la nature, l’économie, le vivre ensemble, la solidarité sont interdépendants et se nourrissent mutuellement. 

Et bien, c’est une heureuse coïncidence car c’est précisément la définition que je donnerai d’un Parc Naturel Régional ! Un territoire qui expérimente et qui assume son audace en choisissant comme philosophie : « une autre vie s’invente ici » !

 

C’est précisément pour toutes ces raisons, et indépendamment des changements d’exécutifs, que les Régions sont, et doivent être, attachées aux Parc Naturels Régionaux. Ces derniers concourent directement aux grands enjeux régionaux de la transition écologique et donc à l’attractivité régionale. Les Parcs sont des vitrines pour nos Régions, des supports d’un développement soutenable et sont potentiellement les premiers relais des politiques portées par les Régions. Le champ du développement économique est une belle illustration de ce lien ou plutôt de cette continuité. En effet, les réflexions et actions menées au sein des PNR vont souvent dans le même sens que les préoccupations régionales. Je pense notamment aux circuits courts alimentaires, aux filières locales de construction, à l’appui à l’agriculture biologique ou encore au tourisme durable. Les Parcs naturels Régionaux qui maillent l’ensemble du territoire national ne sont pas de petites îles au milieu de tout le reste, des espaces figés ou de simples zones récréatives, au contraire, et il faut le rappeler, ils participent aux mutations nécessaire de notre temps.

Réaffirmer cela aujourd’hui est particulièrement important suite, d’une part, au récent cortège législatif, loi MAPTAM, loi NOTRe, loi de transition énergétique, loi de reconquête de la biodiversité, et d’autre part, suite au processus de fusion des régions et au contexte budgétaire tendu dans lequel nous évoluons. Face à de tels bouleversements, la place des Parcs naturels régionaux est inévitablement impacté dans le paysage institutionnel.

Les questionnements sont nombreux et tout aussi importants les uns que les autres.

Trois exemples concrets.

Le premier questionnement concerne la complémentarité entre l’expertise des Parcs et l’ingénierie, qui monte en puissance, des EPCI. D’ailleurs dorénavant, et plus généralement, se pose logiquement la question de la place pour les EPCI dans la gouvernance des Parcs ? 

Le second a trait à la situation budgétaire : on ne peut pas et plus faire l’impasse sur la volonté de certains Départements de se retirer de la gouvernance et donc du financement des syndicats mixtes des PNR faute de moyens budgétaires suffisants. Parallèlement à cette tendance, on constate que la procédure de classement des PNR s’alourdie d’années en années, via notamment l’obligation de disposer de chartes de plus en plus précises et pointues, et que dans le même temps l’Etat impose aux Régions de nouvelles contraintes aussi bien budgétaires que techniques en décidant, par exemple,d’imposer unilatéralement de nouvelles obligations de bilan aux PNR.

Le troisième concerne l’évolution même de la politique de création des PNR avec l’apparition de « Parcs à trous ». Celle-ci ne peut manquer d’interpeller les Régions sur la pertinence même de création de nouveaux PNR et questionner ces dernières sur la viabilité financière de ces nouveaux PNR. C’est à ce titre que les Présidents de Région se sont prononcées, le 14 septembre dernier dans le cadre du bureau exécutif de l’ARF, pour l’introduction d’un critère de population minimale dans le décret actuellement en préparation.

 

Ces différentes situations nécessitent de faire preuve d’intelligence collective et là aussi de tracer ensemble un nouveau chemin. A l’aune des 50 ans de la loi de 1967, créant les Parcs Naturels Régionaux, l’année 2017 devra être une année de débat sur l’avenir des PNR. Les Régions devront, de toute évidence, s’interroger sur les conditions et les critères àretenir avant toute nouvelle création de nouveaux PNR, sanspour autant remettre en cause l’esprit même de la Loi de 1967 et l’originalité des PNR qui fait la force de cet outil. En 50 ans, le visage de la France a dominante rurale a changé, les préoccupations des habitants, celles des agriculteurs ou les envies des touristes ne sont également plus les mêmes.

L’enjeu va être d’imaginer les réponses à apporter afin que les Parcs puissent continuer à être des démonstrateurs en faveur de la transition écologique et de l’égalité des territoires.

Je souhaite insister sur cette notion d’égalité des territoires. Les PNR ont vocation a joué un rôle important dans ce domaine dans le sens où il donne les moyens et les outils à un territoire de développer sa propre ressource et de valoriser au mieux ses atouts. Cette approche est fondamentale à un moment où notre cohésion sociale est, plus que jamais, un bien inestimable. La préservation de celle-ci passe inévitablement par une réflexion autour de la remise en marche de la fabrique de l’égalité territoriale. Il ne peut pas y avoir d’un côté des métropoles mondialisées dans laquelle nous produirions de la richesse et de l’autre des espaces condamnés à bénéficier uniquement d’une redistribution, d’une sous économie. Ce scénario serait celui du pire pour l’avenir et serait synonyme d’unefragmentation territoriale et sociale. Nous devons au contraire miser sur la revitalisation productive des territoires qu’il faut penser en termes de qualité de vie, d’accès à la santé, de numérique, d’énergie renouvelables ou encore de sobriété énergétique. Les Parcs Naturels Régionaux sont des outils pertinents pour participer à tisser cette nouvelle alliance entre les territoires. Cette réflexion devra, sans aucun doute, s’inscrire dans le cadre d’un nouveau partenariat entre les Régions, l’Etat et les PNR. Elle pourrait prendre la forme d’une nouvelle déclaration tripartite entre Régions de France, l’Etat et la Fédération des Parcs à l’occasion des 50 ans des PNR.

 

Les régions, et Régions de France, seront donc pleinement mobilisées pour transformer ce contexte de contrainte en réelle opportunité. L’esprit qui a fondé, et qui anime aujourd’hui encore les Parcs Naturels régionaux, est un précieux capital sur lequel les Régions souhaitent s’appuyer pour amorcer le grand virage que nous devons prendre collectivement.

 

Je ne serai pas plus long mais vous l’avez compris et, soyez certains de cela : les Régions gardent plus que jamais toute leur confiance dans les Parcs au regard de leurs expériences, de leur savoir-faire et plus généralement de leur capacité à rebondir et à s’adapter.

 

Je vous remercie pour votre attention.

 

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