Catherine Usala, chevrière et vice-présidente du Parc des Monts d'Ardèche
Catherine est ardéchoise d’adoption. Il y a 15 ans, elle délaisse sa vie en région parisienne et son poste d’assistante de direction pour répondre au besoin du retour à la terre qui la tenaille. Pour Catherine, la montagne est avant tout un magnifique terrain de jeux pour l’escalade et la randonnée. Elle ne connaît rien du monde agricole et rien des Monts d’Ardèche. Pourtant, après une reconversion professionnelle, elle s’installe à Cros de Géorand et lance son activité de chevrière dans le Parc des Monts d’Ardèche.
Adhérente à Agribio Ardèche, membre du réseau Accueil Paysan et détentrice de la marque Valeurs Parc, elle s’implique aussi dans la vie de son village sur le marché et à la bibliothèque municipale. Cet engagement la conduit à être invitée à rejoindre l’équipe municipale. Aujourd’hui, elle tient un 2ème mandat d’élue. Elle est également vice-présidente du Parc en charge de la biodiversité et de l’éducation au territoire.
En toute humilité, Catherine se livre en 3 questions sur son engagement qui va, selon elle, au-delà de la dimension politique.
- Vous avez fait un choix radical en changeant de cadre de vie et de travail, mais quelles ont été vos motivations pour, ensuite, vous engager dans le développement de ce territoire ?
Ce territoire est rude, chargé d’histoire et empreint de savoir-faire. Les Monts d’Ardèche sont un espace bien préservé mais aux équilibres très fragiles. Ce sont les habitants eux-mêmes qui m’ont transmis ces valeurs. J’ai fait la connaissance de ces hommes et ces femmes ancrés dans le présent, mais aussi soucieux de préserver leur patrimoine. Je suis tombée amoureuse de ce territoire pour sa beauté, une beauté sauvage. Ici, les hommes doivent faire preuve de solidarité pour s’en sortir et beaucoup d’activités humaines dépendent des bons soins prodigués à la nature. Les habitants m’ont accueillie, adoptée. Il me semblait évident de m’engager avec eux pour participer au maintien d’une vie rurale joyeuse et harmonieuse.
- Quand vous rejoignez l’équipe municipale, votre village n’est pas adhérent du Parc des Monts d’Ardèche. Pourquoi vous a-t-il paru essentiel qu’il le rejoigne ?
Les missions d’un Parc ne sont pas toujours explicites. L’image d’un Parc conservateur avec cette idée de « mise sous cloche » effraie les habitants, alarmés à l’idée de résider dans une zone figée.
Or, il s’agit de se projeter dans l’avenir pour les « Monts de Demain ». Préserver notre patrimoine, notre nature, oui ! Et être attentif, créatif parce que cela conditionne notre futur, notre bien vivre ensemble.
Pour ma part, le cadre si exceptionnel où j’évoluais devait être valorisé par ce logo vert et ovale connu et reconnu, une évidence avant même de connaître la charte et ses orientations !
Et depuis que je suis vice-présidente, je ne cesse d’être émerveillée par l’étendue du champ d’action, la diversité des missions accomplies, le niveau de compétences des équipes du Parc, leur faculté à travailler en partenariat et en réseau. Je me réjouis de pouvoir semer quelques idées, participer, à mon niveau, à cette dynamique pour notre territoire.
- Au sein du Parc vous êtes investie sur les thématiques de biodiversité et d’éducation au territoire, vous êtes également à l’origine du projet « Les élus retournent à l’école ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ces actions ?
Au sein du bureau, les thématiques qui me tenaient le plus à cœur m’ont été confiées, quelle chance !
La biodiversité, résultat de la longue et lente évolution du monde vivant. Le chef Seattle a dit : « Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous ». Aujourd’hui, notre réflexion concernant la biodiversité est transversale. Nous savons que les activités humaines (alimentation, urbanisme, énergie, tourisme, …) ont une incidence sur la biodiversité. Les enjeux sont forts. Le Parc propose des recherches de solutions pour réduire ces impacts, pour induire des changements, une adaptation. Par ailleurs, les chargés de mission « biodiversité » veillent. Ils sont notamment référents sur plusieurs Espaces Naturels Sensible et sites Natura 2000. C’est très important. Ces experts sont là pour agiter le feu clignotant rouge. Ils ont par exemple très récemment alerté sur les risques de propagation de la peste de l’écrevisse à pattes blanches.
L’éducation au territoire. Pour aimer son territoire, pour l’apprécier et pour le respecter, il faut le connaître. Les animateurs du Parc construisent des ateliers tout public, des ateliers pour les scolaires, pour les personnes en situation de handicap... Lors de ces formations, le Parc propose de comprendre les grands enjeux d’aujourd’hui et de demain pour que chacun et tous ensemble nous puissions être acteurs dans la résolution des problématiques. Le Parc travaille avec l’éducation nationale. Et tout récemment, les élus retournent à l’école ! Donner l’occasion aux élus de témoigner de leur engagement citoyen tout en faisant valoir et découvrir ce territoire dont ils sont si fiers, sur lequel ils investissent tant d’espoir. Nous faisons le pari que cela résonnera plus fort que la cloche de la récré !