Le paradigme du développement durable a été traduit pour les forêts par la notion de gestion durable dès 1992. Cette dernière, redéfinie et précisée par les forestiers (Helsinki, 1993), semble se résumer à des adaptations voire des modifications des pratiques courantes de gestion forestière basées sur la production et la récolte du bois. C’est en effet la fonction économique de la forêt qui sous tend toute la gestion en apportant les ressources financières nécessaires mais aussi en garantissant l’intérêt et l’implication du propriétaire. Mais qu’en est-il pour la forêt méditerranéenne dont l’une des principales caractéristiques est précisément la très faible productivité n’assurant presque aucun revenu à son propriétaire ? Peut-elle alors être l’objet d’une gestion durable ? C’est à ces questions que cette thèse tente d’apporter des réponses sur un plan théorique dans un premier temps puis en s’intéressant plus précisément au cas particulier de sa mise en oeuvre sur le territoire du Parc naturel régional des Alpilles. La première partie sonde la notion de gestion durable dans ces multiples approches et la forêt méditerranéenne dans toutes ses particularités. De ces analyses peuvent alors émerger les contours d’un projet de gestion durable. Ce projet ne peut être mené que sur des territoires clairement identifiés tels les PNR, pleinement investis dans la gestion de leur forêt en région PACA. La deuxième partie est en une présentation et une analyse de pratiques de gestion forestière tant individuelles que collectives mises en oeuvre dans le PNR des Alpilles. Elle montre ainsi que la gestion durable est envisageable voire qu’elle existe. Cependant, elle illustre aussi les difficultés que peuvent rencontrer les acteurs pour collaborer. La troisième partie montre que le territoire du PNR des Alpilles présente pourtant des atouts qui garantissent la mobilisation de ses acteurs. Le principal en est sans doute l’existence d’une véritable identité territoriale à laquelle tous adhèrent. Cependant une enquête auprès des acteurs partenaires du parc révèle des tensions, à défaut de conflits ouverts. Celles-ci peuvent s’expliquer par les stratégies des acteurs dans le cadre des jeux de pouvoir inhérents à la mise en oeuvre de la gouvernance voulue par le parc. Pour l’heure, ces difficultés ne conduisent pas à un blocage de la situation mais constituent autant de freins que le parc doit lever pour envisager la mise en oeuvre d’une véritable gestion durable.